vendredi 23 septembre 2011

Charles de Lint



C’est finalement assez rassurant de penser qu’il en va des livres comme des amitiés : on ne sait jamais vers quoi une rencontre inopinée vous emmènera.

Tout commence donc par Neil Gaiman. En tout état de cause, beaucoup de choses, en ce qui me concerne, commencent par Neil Gaiman, mais passons. Amoureux fervent du roman graphique de Dreamhunters, où l’auteur a collaboré avec Yoshitaka Amano, je me suis intéressé à la « version graphique » de Stardust. La collaboration de l’auteur avec Charles Vess fait de l’ouvrage sans doute ce qu’il y a de plus délectable dans la bibliographie de Neil Gaiman, une œuvre aux airs de vieux grimoires, empreinte d’une sagesse tranquille et bienveillante. Celle-ci, toujours présente chez Gaiman, est véritablement magnifiée par la douceur des dessins de Charles Vess, ouvrant véritablement une porte sur un monde pas forcément plus doux, mais plus… signifiant.



« Les fées représentent la beauté que nous ne voyons, celle que, peut-être, nous choisissons d’ignorer. C’est la raison pour laquelle je vais les peindre dans une décharge, ou en train de survoler un clodo aviné, endormi dans un caniveau. Rien ni personne n’est hors de portée de l’esprit. Prêtez suffisamment attention, et toute chose a son histoire. Chacun est important. » Placés dans la bouche de son héroïne récurrente, Jill Coppercorn, les commandements du monde de Charles de Lint montrent bien à quel point celui-ci résonne des mêmes accents que l’univers de Charles Vess – et combien il fallait donc bien que je finisse par tomber dessus. Avec A Circle of Cats, ils inventent un monde de conte de fée à la douceur peut être un peu trop tendre, qui ne laisse en rien présager de la noirceur de l’œuvre de Charles de Lint.

Peu connu en France, sinon pour une vingtaine de nouvelles et trois romans, Charles de Lint est un iceberg dont les lecteurs francophones n’aperçoivent qu’une infime part émergée. Il est attaché à un style romanesque appelé la fantasy urbaine : l’irruption dans le monde moderne contemporain d’éléments de fantasy. À la lecture, donc, de ce Circle of Cats, on pouvait craindre que, au-delà de la joliesse du conte tissé avec l’aide de Charles Vess, le monde de Charles de Lint ne soit qu’une vision gentillette, sucrée, de la fantasy moderne, loin, par exemple, de l’univers doux-amer de Neil Gaiman.

Grave erreur. À la lecture du Very Best of Charles de Lint (un compendium réalisé en collaboration avec les lecteurs !) et de son Onion Girl, le style de l’auteur se révèle : il ne choisit jamais de dissocier modernité et fantasy, le monde onirique est à portée de qui se préoccupe de tendre la main, et – et c’est là la rude spécificité de cette œuvre – la noirceur dans le cœur des hommes est bien présente, l’entropie du destin est toujours prompte à frapper.

Que nous dit donc Charles de Lint, s’il n’emprunte pas les voies, bien galvaudées, de la fantasy comme une échappatoire à un réel banal, sordide, ou les deux à la fois ? S’il ne remplit pas sa fonction de « distraction », de celles qu’on prête à la littérature, parfois ? Charles de Lint a foi dans des valeurs simples, et légèrement surannées : la grandeur d’âme, l’amitié – l’amour ? –, la conscience qu’on doit avoir de la valeur de l’autre. Anthropologue averti, érudit prodigieux, le Canadien intègre dans son monde les mythologies amérindiennes, gitanes, et celtiques. On peut le soupçonner, également, d’intégrer à ses récits les mythologies personnelles de ses rencontres humaines – tant les épouvantables secrets que certains personnages cachent sans doute des douleurs véritables. Charles de Lint choisit de ne jamais juger, ni le monstre tapi dans le passé d’une gamine abusée par son grand frère, ni les créatures ancestrales qui peuplent les récits mythologiques qu’il s’est appropriés. Tout cela relève autant de l’imaginaire, et cet imaginaire ne doit jamais, nous dit l’auteur au fil de ses nouvelles et romans, ni être négligé, ni moqué.

Charles de Lint ne va pas faire la vie facile à ses personnages : quelques magiques qu’elles soient, le fait de vaincre ses terreurs n’assurent jamais une « victoire magique » - la vie, si elle continue après (car, parfois…), est un autre combat, à mener également. Le fait d’entretenir une amitié, de conquérir un amour, des épreuves tout aussi difficiles – sinon plus. Mais le monde imaginaire qui Charles de Lint construit à côté du nôtre nous offre la possibilité de voir que la grisaille quotidienne n’est pas une fatalité, que pour qui prête l’oreille, pour qui garde l’œil éveillé, le merveilleux est à portée de main, qu’il soit dans un monde imaginaire fantasmagorique, ou dans une personne dont, l’habitude aidant, on oublie de s’émerveiller. Et, si on se prend d’une amitié réelle pour la galerie infinie de personnages créés par l’auteur, si on se trouve bouleversés par leurs petites et leurs grandes histoires, par leurs malheurs quotidiens ou par leurs fêlures les plus profondes, suivons les rencontres de Charles de Lint : c’est une rencontre qu’il ne faudra ni négliger, ni moquer.

Lectures conseillées :

- A Circle of Cats

- The Very Best of Charles de Lint : « Laughter in the Leaves », « The Badger in the Bag », « And the Rafters Were Ringing », « Into the Green », « The Graceless Child », « In the House of my Enemy », « Crow Girls », « Birds », « Sisters », « Pal o'Mine ».

- The Onion Girl

jeudi 22 septembre 2011

Le tigre bleu de Fujian



Une espèce légendaire et pourtant, selon toutes probabilités, réelle de tigre mutant de la province de Fujian, Chine, qui reste à capturer.

En septembre 1910, alors qu’il chassait dans la province de Fukien (aujourd’hui Fujian) au sud-est de la Chine, le missionnaire américain Harry R. Caldwell rencontra un tigre – presque – conforme en tout point à la description que l’on connaît de cet animal. Celui-ci, en effet, était bleu là où les tigres sont habituellement oranges. Caldwell raconte qu’il décida de tuer l’animal, afin de prouver son existence. Cependant, deux enfants – qui, probablement, attiraient l’attention du félin – étaient dans sa ligne de mire : le temps qu’il se dirige là où il aurait pu tuer la bête, celle-ci avait déjà disparu dans les fourrés. Les indigènes lui confirmèrent, cependant, que de tels animaux avaient été fréquemment observés dans la région, mais jamais capturés.

Même si la couleur bleue chez un tigre peut paraître étonnante, elle peut être aisément expliquée : de la même façon qu’on trouve chez certains spécimens de lynx et de chat sauvage la coloration bleu-mauve fumé (nommée « dilution bleue ») propre aux chats bleus d'arkhangelsk cette couleur dépend d’une mutation génétique rare. L’existence des tigres blancs indiens, ainsi que d’un tigre noir né dans un zoo d’Oklahoma dans années 1970, laisse à penser que la capture d’un tigre bleu est loin d’être impossible.

(Source : Chambers Dictionnary of the unexplained)